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Blog de Pierre

4 novembre 2004

Je déménage

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3 novembre 2004

La deuxième révolution conservatrice

Alea jacta est ! Après le bruit médiatique de ces dernières semaines, le calme revient, laissant apparaître la terrible réalité : George W. Bush est réélu triomphalement avec la majorité la plus large de l'histoire des Etats-Unis.

On pourra épiloguer sans fin sur les irrégularités constatées ici et là. Les machines à voter cassées au Nouveau Mexique, les observateurs de l'OSCE empêchés d'observer ou les électeurs radiés à leur insu, il reste que l'écart entre George Bush et John Kerry n'est pas qu'un écart en voix. C'est aussi un écart entre deux Amérique. Quand on regarde la carte des Etats acquis à l'un ou l'autre des deux partis, on constate que d'une part il n'y a pas eu de basculement et d'autre part que c'est l'Amérique urbaine, celle de la côte est, l'intellectuelle, qui a voté pour le candidat démocrate. Pour le reste, c'est le pays profond, le pays réel, celui des rednecks qui voté pour un homme dont il veut croire qu'il lui ressemble. C'est vrai que George Bush, comme notre Jacques Chirac national cultive à l'excès l'image de l'anti intello, le bouseux dans son ranch. Encore un peu, il irait bosser en jean crotté...

Malgré une campagne internationale d'une ampleur inégalée, une mobilisation des artistes américains sans précédent, le pays a voté pour le président le plus détesté de son histoire depuis Richard Nixon.

Pourquoi ? Pourquoi ce n'est pas le vote de l'intelligence qui a triomphé du vote de la peur ? Parce que George Bush a lancé son pays dans la guerre et que depuis le 12 septembre au matin, l'Amérique est en guerre contre un ennemi invisible et que comme du temps de la guerre froide quand on bâtissait des abris antiatomiques et qu'il fallait déjouer les complots des communistes cachés parmi les bons Américains, il n'y a rien de pire que de faire croire à l'existence d'un ennemi de l'intérieur.

Comme l'explique Michael Moore dans ses films, le génie des médias américains, du lobby militaro-industriel et des conservateurs est d'installer la peur dans l'esprit des gens. Dès lors, l'exigence de sécurité, puisqu'on fait croire aux gens qu'ils sont menacés jusque dans leur vie quand bien même ils habiteraient un bourg qui ne figure même pas sur une carte, surpasse tout. En temps de guerre, on resserre les rangs.

L'unilatéralisme a joué aussi. La politique arrogante d'une nation qui impose sa volonté au reste du monde est lue comme la marque héroïque de l'encerclement. Il y a toujours un petit Custer qui sommeille en chacun de nous...

Bush a du très certainement douter fortement. Il est maintenant l'homme le plus heureux du monde. Lui l'ancien alcoolique, amateur malheureux de bretzels, président usurpateur en 2000, devient l'homme le plus puissant du monde, le mieux élu de son histoire avec la majorité la plus large qui soit. Il a tous les pouvoirs. Au diable la sacro-sainte séparation des pouvoirs, c'est le GOP (« grand old party » comme on surnomme le Parti républicain) qui a mis les Etats-Unis sous sa coupe. C'est l'affermissement d'un pouvoir au service d'une idéologie qui jusqu'à maintenant n'était portée que par une poignée d'hommes formés à l'école de l'anti-communisme, privé depuis de la perspective d'une guerre des étoiles contre l'URSS, parrainés par des fous de Dieu qui dévoient le message du christianisme pour une forme de totalitarisme doux qui ne dit pas encore son nom. Avec un Congrès et une Cour suprême de la même couleur, le pachyderme conservateur va pouvoir réaliser son programme réactionnaire.

C'est que la campagne électorale a été menée bien à droite. Ultra sécuritaire et anti sociale. En faveur des riches, et pour « les valeurs » c'est-à-dire contre le droit à la famille pour les enfants.

Beaucoup de repères sont remis en cause et la question ne manquera pas de diviser les démocrates eux-mêmes dont on peut dire sans se tromper qu'ils sont désormais en crise. Bush a toutes les cartes en main pour suivre l'exemple de Tony Blair et de marginaliser durablement les démocrates. En outre, puisque c'est un dévot avant d'être un idéologue, il ne faut pas écarter l'idée qu'une radicalisation de l'Administration Bush II soit à l'ordre du jour car ce qu'il faudra anticiper en 2008, c'est l'ampleur du désir de changement dont les élections de mi-term de 2006 annoceront la couleur.

En attendant, les démocrates américains doivent montrer qu'une autre Amérique est possible et pour cela, il faut comme toujours en politique, une vision, un projet, une stratégie, des réseaux et une personnalité pour les porter.

2 novembre 2004

Uruguay : une victoire historique pour la gauche

Indéniablement, avec le XXIe siècle s’est ouvert un nouveau cycle pour la gauche latino-américaine. Avec le retour du centre gauche au pouvoir au Chili et en Argentine, la victoire historique de Lula au Brésil et la victoire de Vazquez en Uruguay, le cône sud est-il en passe de devenir un El dorado pour le réformisme ? Quizas, quizas, quizas...

On connaît bien l’Uruguay pour ses bons joueurs de foot. Ce petit pays arrosé par le rio de la Plata, coincé entre deux grands pays que sont le Brésil et l’Argentine connaît comme l’Argentine avant lui une crise économique qui a sans doute accentué le discrédit d’une droite conservatrice aux commandes depuis toujours.

Depuis plus d’un siècle et demi, l’Uruguay était gouverné par la droite libérale. Pour la troisième fois, Tabare Vazquez se présentait à la tête d’un front élargi de toute la gauche et du centre ; des communistes aux chrétiens sociaux. La gauche a donc réalisé un tiercé gagnant en remportant les élections législatives, sénatoriales et présidentielle.

Tabaré Ramón Vázquez Rosas est né le 17 janvier 1940 dans le quartier de la Teja à Montevideo. Diplômé de la faculté de médecine en 1972 il obtient une bourse qui lui permet de poursuivre ses études à l’Institut Gustave Roussy de Paris.

Il a adhéré au Parti socialiste et il entre au comité central en décembre 1987. Il a milité l’année précédente contre la loi de caducité qui amnistiait les militaires accusés d’atteintes aux droits de l’homme pendant la dictature qui avait frappé le pays de 1973 à 1985.

Il a été le premier dirigeant FA à occuper un mandat électoral de premier plan. De ce fait, il est depuis le début des années 90 une figure centrale du paysage politique uruguayen. Président de la Rencontre progressiste depuis 1994 et du FA depuis 1996, il succède ainsi au fondateur de la coalition de gauche, le général Liber Seregni, décédé au courant de l’année 2004.

Il se présente pour la première fois à l’élection présidentielle en 1994 et obtient 30 % des voix. La deuxième tentative a lieu en 1999 et il progresse de 10 points en atteignant le score de 40 % au premier tour – 45 % au deuxième tour. La troisième fois fut la bonne et donc l’aboutissement heureux d’une longue marche de dix ans qui va permettre au docteur Vazquez et à la gauche de soigner les maux de la petite république uruguayenne.

Si l’Amérique latine a fait rêver des générations entières de militants de gauche en manque de l’épopée révolutionnaire qu’ils ne pouvaient vivre sur leur sol, il est paradoxal de voir que le débouché politique de tant d’années de lutte n’arrive que maintenant avec en prime, une conversion sans faille au réformisme de gauche, choix non pas résigné, mais résolument réaliste.

La coalition victorieuse Encuentra progresista – Frente amplio - Nueva majoria (EPFA) triomphe d’une droite usée et corrompue qui avait même lassé le patronat. Le Front élargi est vieux de trente ans. Fondé en 1971, cette formation politique longtemps dans l’opposition a joué pleinement son rôle de mouvement populaire d’éducation politique. Alors que l’on constate souvent les triomphes de l’ultralibéralisme la majorité des Uruguayens a voté ce dimanche pour que l’eau reste pour toujours dans le domaine public par exemple...

La mobilisation fut impressionnante, marque que les électeurs uruguayens ont pris la mesure de ce rendez-vous historique. Le taux de participation a avoisiné les 91 % puisque le vote y est obligatoire. Ils ont fait le voyage par dizaines de milliers des pays voisins pour venir voter dans leur pays. L’Uruguay, avec ses 4,5 millions d’habitants, est un pays majoritairement agricole la gauche envisage de relancer l’économie en s’appuyant notamment sur les PME.

Pour parvenir à ses fins, Vazquez pourra compter sur une majorité parlementaire, ce qui n’était pas arrivé depuis plus de 40 ans. Les élections sénatoriales et législatives ont été en effet remportée par l’EPFA. Le cône sud voit donc émerger la troïka Lula-Kirchner-Vazquez qui devrait travailler à consolider un espace de développement régional qui lorgne beaucoup du côté de l’Union européenne...

C’est une fois de plus la démonstration que seule l’unité de la gauche et le rassemblement des forces de progrès permettent de bénéficier d’un large soutien populaire et de remporter de belles et utiles victoires.

31 octobre 2004

L'antiracisme perd-il son âme ?

Alors que le FSE de Londres a confirmé qu'on pouvait désormais parler d'islamo-trotskisme devant les courbettes du SWP (dont la fraction française est active au sein de la LCR dans les comités Agir contre la guerre), voilà que le mouvement antiraciste français continue de se diviser. La manif du 7 novembre ne résoud pas les tensions survenues lors de la manif du 16 mai entre d'un côté le MRAP et la LDH qui veut lutter contre tous les racismes, mais qui ont eu une attitude assez ambiguë à l'égard de Tariq Ramadan et d'un autre côté SOS racisme et la Licra qui refusent de se joindre à une manif qui compte parmi les associations signataires l'UOIF et des associations de femmes voilées...

Tout ça est très dangereux et comme si tout ça ne suffisait pas, l'actualité rattrape tout le monde avec la profanation de tombes juives dans un cimetière alsacien ce week-end...

Espérons que ça remettra les pendules de tout le monde à l'heure, mais j'en doute...

26 octobre 2004

Bravo Sharon

Le brutal pragmatisme de la droite... Sharon vient d'affronter son parti, le Likoud et d'obtenir grâce à Avoda (Parti travailliste) un vote de la Knesset en faveur du démantèlement des colonies de la bande de Gaza. Bonne nouvelle pour une normalisation des rapports entre les Israéliens et les Palestiniens. En cela, le fougueux général, grande gueule, plusieurs fois puni pour insubordination durant sa carrière militaire, suit les traces de son illustre prédécesseur Menahem Begin qui avait libéré la péninsule du Sinaï, manu militari, avec comme commandant à l'époque Amram Mitzna, l'actuel maire de Haïfa, ancien chef de file des travaillistes.

L'extrême droite israélienne et une partie de la droite sont dans le délire. Les appels au meurtre, les fatwas de rabbins radicaux, tout cela donne un air mauvais de déjà vu même si, contrairement à 1995, la contestation de la politique du gouvernement dans la rue est faible. Ce sont les mouvements pacifistes qui sont mobilisés, interpellant une gauche encore aphone.

En outre, c'est un vrai problème de démocratie qui est posé là... La droite israélienne devrait y faire attention !

D'autant que, héritiers des sionistes révisionnistes, les likoudnikim devraient réviser leur histoire dans l'autre sens et se souvenir que la bande de Gaza n'a jamais été historiquement juive.

C'est le pays des Philistins qui à partir de leurs quatre cités - Gaza, Gath, Ashkelon et Ashdod - harcelaient les tribus hébraïques. Les Philistins, ennemis héréditaires des Hébreux ont donné leur nom à la région. Lors de la conquête romaine de la région, pour vexer leur turbulents habitants, les Romains par dérision ont choisit le nom "Palestine" dont l'origine vient du mot "Philistin" - le mot arabe ou hébreu a la même racine que "Philistin"...

Bien sûr, ce n'est pas l'humanisme généreux qui guide Sharon, mais la paix dans la région est tout à la fois un objectif de real politik et un idéal éthique.

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24 octobre 2004

la semaine de tous les dangers

Deux rendez-vous importants sont à noter cette semaine qui sont importants pour le débat européen. Le premier, c'est la signature solennelle par les chefs d'état et de gouvernement des vingt cinq pays de l'Union du traité dit " de Bruxelles", à Rome. Ce devrait donc être le traité de Rome II... Voilà qui va encore embrouiller les militants... Le deuxième rendez-vous, à la fin de la semaine, c'est le vote du Parlement pour valider ou refuser la Commission Barroso. On l'a vu dans l'actualité de ces dernières semaines, outre le sulfureux Rocco Buttiglione. Le commissaire putatif italien, catholique fervent avait choqué par ses propos réactionnaires à l'encontre de la fonction de la femme et des homosexuels. Le papiste est sans surprise soutenu par José Manuel Barroso au nom d'une convergence de vues cachée sous l'impératif siincère d'efficacité politique.

Depuis cette été, Pierre Moscovici appelle le groupe du PSE a rejeter cette Commission qui, hors du cas Buttiglione est majoritairement antisociale. Même si les commissaires candidats espagnol, britannique, hongrois, allemand ou suedois sont des sociaux-démocrates; ceux de droite sont bien gratinés. Martin Schulz, le président du groupe PSE, celui-là même que Berlusconi avait traité de "kapo" saura-t-il être à la hauteur de l'enjeu et engager son groupe à sanctionner une Commission qui a reçu la bénédiction du Cavaliere ?

D'ailleurs mes amis de Reso font signer un appel contre Buttiglione.

21 octobre 2004

Ti putsch dans le Pacifique

Le coup du 9 octobre marque un abus de trop, de la part de la droite française.

Pour Oscar Temaru, le coup de Flosse est un cadeau d'anniversaire d'un goût douteux car le leader indépendantiste a amorcé une mutation idéologique, qui lui permet d'ailleurs de bénéficier du soutien de la gauche, des Verts et même de l'UDF.

Pour la droite, il s'agit de sauver le système Flosse en accusant la gauche de se livrer à des « menées antinationales ». La droite, par nature nationaliste, est par nature hostile à l'émancipation des DOM TOM et si la question se posait, si les indépendantistes devenaient majoritaires, elle s'opposerait par tous les moyens à la volonté populaire. On a vu, il y a 18 ans comment les choses se sont passées. Pas très loin de la Polynésie, en Nouvelle-Calédonie avec la tuerie d'Ouvéa. Les socialistes au pouvoir avant cette période n'étaient pas favorable à l'indépendance de la Kanaky, mais comme dans tout système colonial, la relation entre le gouvernement métropolitain et les forces en présences localement est piratée par les colons. C'était le cas avec les Pieds-noirs qui ont saboté la politique algérienne du Front populaire de Léon Blum, pourtant très visionnaire, idem avec les amis caldoches de Jacques Lafleur et les amis de Gaston Flosse aujourd'hui. Mais la droite qui n'est pas à une contradiction près a quand pris bien des libertés avec le sentiment national et l'unicité de la République en octroyant à Flosse un système sur mesure qui lui permet de se comporter en véritable chef d'état. En effet, le système Flosse c'est un train de vie royal, un hymne et un drapeau polynésien – à ce titre Girardin a beau jeu de critiquer les indépendantistes et leur drapeau – et le contrôle de l'utilisation des fonds publics. Au nom de la « dette morale » la France a contracté en pratiquant les essais nucléaires, la métropole verse 150 millions d'euros à l'archipel. En un sens, le système Chirac finance chaque année le système Flosse. Et si la situation avait du dégénérer après les élections du printemps, des renforts avaient même été envoyés sur place au cas où...

L'arme unique deGirardin c'est d'accuser la gauche de soutenir les indépendantistes. La gauche a toujours respecté les choix des populations ultramarines, notamment en Nouvelle-Calédonie quand en 1988 et en 1998, les souhaits des néo-calédoniens ont été pris en compte dans la réflexion sur l'évolution du statut de l'île. S'agissant de la Polynésie, c'est plutôt Flosse qui a fait valoir ses intérêts...

Oscar Temaru qui a côtoyé Jean-Marie Tjibaou dans sa jeunesse est le leader historique du mouvement indépendantiste polynésien. Son mouvement connaît une progression continue dans l'île, faisant de lui l'opposant naturel à Flosse. Dans le paysage politique de l'archipel, qui ne reproduit pas les clivages nationaux, une fois que le chef du Tavini Huiraatira (Service à la population)-Front de Libération de la Polynésie (FLP). Oscar Temaru est maintenant partisan d'un Etat fédéré, fondé sur des valeurs morales et traditionnalles et ancré à gauche. C'est la raison pour laquelle, le Tavini a bénéficié du soutien des socialistes.

La question qu'on est en droit de se poser c'est pourquoi le gouvernement se livre à de tels actes ? Alors que Jean-Pierre Raffarin n'arrête pas de se draper dans l'esprit du 5 mai, ne voilà-t-il pas que son gouvernement n'a reculé devant rien pour influencer le vote. Parce que la droite est clientéliste et que pour elle, la démocratie s'arrête là où commencent les intérêts de ses alliés. Curieuse et triste contradiction à voir Jean-Pierre Raffarin se targuer en permanence d'être un humaniste et cautionner une ministre qui conserve des réflexes dignes d'une république bananière.

20 octobre 2004

Ils sont fous ces Américains

En surfant sur le web, j'ai trouvé ce site ! Votergasm.org Et puis quoi, tant qu'à s'occuper lors d'une soirée électorale, autant le faire en prenant du plaisir. J'imagine d'ici la tête des culs bénis de Républicains, hypocrites et bien pensants !

10 octobre 2004

L’homme malade de l’Europe

Dans nos congrès, tous les textes le proclament : « nous sommes tous internationalistes ». Cette valeur est pourtant mise à très rude épreuve dans le débat sur le traité constitutionnel. Une fois passé l’échange policé des arguments de fond, nous en sommes au moment où chacun cherche à frapper les imaginations par le recours à des formules, des registres ou des images qui en disent long sur les représentations que chacun se font de l’Europe et l’internationalisme.

Le « prolétaires de tous les pays unissez-vous » qui figure au fronton de la Première internationale n’a pas disparu du code génétique de la gauche. C’est de l’Internationale, dans son congrès d’Amsterdam de 1904 que partit l’appel à l’unité des socialistes français qui se conclut en avril 1905 par la création de la SFIO.

Dans le débat qui nous intéresse, tous les orateurs du « non » commencent par professer leur identité européenne. Certains plus subtils considèrent que cela ne va pas nécessairement de soi. Ecran de fumée pour mieux cacher ce qui suinte des discours moins maîtrisés : une forme de révisionnisme qui remet en cause la construction européenne, à critiquer après coup l’élargissement et à douter de la crédibilité des autres sociaux-démocrates européens...

Léon Blum écrivait en 1933 « nous sommes tous d’accord pour penser qu’il ne nous faut pas moins d’internationalisme mais plus d’internationalisme, que tout notre effort doit se concentrer à donner à l’Internationale une consistance de plus en plus solide, et que l’action nationale, toujours nécessaire, demain comme elle l’a été hier, doit garder une claire conscience de sa nature, de ses limites, et de sa direction, c’est-à-dire être toujours de plus en plus clairement inspirée elle-même par l’esprit international et par l’aspiration internationale. » Depuis, la gauche a changé. La social-démocratie est pleinement nourrie d’une culture de gouvernement qui a changé la nature de ses débats internationaux. Au pire ce sont des questions d’experts, au mieux des discussions diplomatiques.

Pourtant l’internationalisme n’a jamais été aussi indispensable qu’à l’heure de la mondialisation. Puisque la question sociale se pose au niveau mondial, la réponse social-démocrate doit se construire dans un cadre global. C’est le travail qu’a commencé Poul Nyrup Rasmussen. Il a besoin de nous pour le poursuivre. Ne lui faisons pas défaut.

Quand on est internationaliste, on ne croit pas aux vertus du socialisme dans un seul pays. le croire, c’est faire de la France l’homme malade de l’Europe. Car la France n’a pas raison toute seule contre le reste de la planète à l’heure de la mondialisation. Le multatéralisme vaut pour tout le monde... Curieuse ruse de l’Histoire quand on constate que certains socialistes pour aggraver l’écho du « non » n’hésitent plus à instrumentaliser la question de l’adhésion à la Turquie pour exciter les peurs des Français. Là-dessus on a le choix entre l’opportunisme et le populisme.

Dans la femme et le socialisme, le théoricien social-démocrate August Bebel écrivait « Un peuple apprend de l'autre, et tous deux cherchent à se dépasser réciproquement dans une lutte d'émulation. À côté de l'échange de produits matériels de tout genre s'opère également l'échange des productions intellectuelles. […] Les progrès qui se réalisent de la sorte sur l'échelle internationale ont pour résultats que les différents pays se ressemblent toujours de plus en plus dans leurs conditions sociales. Pour les nations civilisées les plus avancées dans le progrès, et qui, par cela même, fournissent un terme de comparaison, cette ressemblance est déjà si grande que celui qui a appris à connaître la structure sociale d'un peuple connaît en même temps, dans ses grandes lignes, celle de tous les autres. » C’est la démonstration qu’aujourd’hui, les questions européennes ne sont plus des questions étrangères, elle sont presque « nationales ».

C’est pourquoi, le débat sur le Traité constitutionnel va fixer durablement la nature européenne du Parti socialiste. Soit ce sera une évidence passive qui n’engagera à rien car il ne peut en être autrement au regard du réel, soit ce sera un choix conscient et assumé duquel découlera une manière de penser, d’agir et de construire désormais à l’échelle dans un environnement qui doit cesser d’être touristique, celui de la social-démocratie européenne.

2 octobre 2004

Vivement 2007 !!!

Non, pas (que) pour les échéances politiques qui excitent tant de monde, mais pour la grande fête du rugby que nous attendons tous : La coupe du monde en France !
28 septembre 2004

28 septembre 1958... Une autre Constitution

Finalement "on" en est pas mort !... C'est le 28 septembre 1958 qu'a eu lieu le référendum par lequel les Français ont adopté la Constitution qui devait donner naissance à la Ve République. On était en pleine guerre d'Algérie, au cœur d'une crise de régime si grave que l'on sentait alors que tout pouvait vaciller. Et le général de Gaulle dont le souvenir était déjà "gravé dans le marbre" descendait de l'Histoire pour rentrer dans la politique et "faire don de sa personne" pour mettre un terme au malheur. La gauche acceptait que le pouvoir fut raffermi, mais elle exigeait que la démocratie fut maintenue. La crise de 1958 a conduit nombre de leaders politiques comme François Mitterrand et Pierre Mendès-France à condamner une action et un texte dont ils jugeaient qu'ils menaçaient la démocratie.

Une leçon de politique

La scission la plus grave de la SFIO vint de cette époque. Guy Mollet et ses amis soutenaient le texte, d'autres, autour d'Edouard Depreux et Alain Savary dirent "non" et se lancèrent dans la création d'un parti, le PSA (parti socialiste autonome) qui allait devenir en 1960 le PSU (Parti socialiste unifié). Exemple à double tranchant que cette constitution de 1958 dont les partisans du "oui" disent qu'elle n'a pas empêché François Mitterrand qui l'avait combattue, d'appliquer son programme après son élection à la présidence de la république en 1981.

On peut en dire de même pour Lionel Jospin qui a duré plus qu'aucun premier ministre avant lui dans ce nouveau régime.

C'est bien la preuve que ce ne sont pas les institutions qui font les politiques.

Les partisans du "non" pourraient nous dire que le "non" de 1958 fut fondateur puisqu'il permit de mettre Mitterrand en situation en 1965 à la tête d'un rassemblement de gauche, prélude à une conquête du PS qui devait précéder la conquête du pays.

Mais la donne est différente. D'abord parce qu'en 1958, le texte soumis aux Français ne fut pas élaboré de manière démocratique puisqu'il émane d'une faction gaulliste et qu'il donne beaucoup de pouvoir à l'exécutif. Ensuite parce que celui qui au final avait le moins de raisons d'y toucher mais qui l'a le plus réformé c'est Chirac. enfin parce que le temps a fait la preuve que le texte n'entrait pas en contradiction avec les projets des socialistes.

On nous opposera que le texte issu de la convention "constitutionnalise des politiques". Nous répondons que le texte ne fondant pas la Nation européenne, il doit bien fixer des objectifs. Ceux-ci, s'ils étaient ceux d'un projet ultralibéral, ne mentionneraient ni les services publics, ni le rôle des partenaires sociaux. Et du point de vue politique, le texte s'en tiendrait au strict minimum... Est-ce le cas ?

Il est surprenant de voir des gens nous dire que tout serait fini et qu'on ne pourrait plus rien faire... C'est qu'ils doivent avoir bien peu de foi dans l'action politique...

27 septembre 2004

Haïti : La solidarité internationale dans l'œil du cyclone

En regardant une chaîne d'information continue récemment, il y avait une de ces images qui font sens. Le journaliste en voix off annonçait que le président Bush allait débloquer une aide de plusieurs milliards de dollars pour venir en aide à la Floride, état sinistré et dont le gouverneur n'est autre que son frère. Pour illustrer ce commentaire, on voyait des images de désolation qui justifiaient une telle somme. Sauf que ces images montraient... Haïti.

Alors qu'on en finit plus de voir les cyclones faire la queue pour dévaster l'île, on se demande pourquoi le malheur s'acharne tant. Voilà une année, 2004, qui résume bien le curieux destin d'Haïti. Un centenaire au début de l'année pour se souvenir de ce qui aurait pu être, l'instar de l'Histoire de la Cuba voisine, une sorte d'épopée. De celles qu'on aime bien en France. Ces peuples qui se libèrent eux-mêmes et qui disent « non » à l'arbitraire et la tyrannie. Un quarantième anniversaire passé inaperçu, mais déterminant pour l'île. En effet, en 1964, François Duvalier se proclamait dictateur à vie et mettait du coup en place l'implacable dictature sanguinaire qui allait désormais identifier le pays de Toussaint Louverture à une caricature de république bananière avec son gourou dictateur, exploitant les peurs, maintenant son peuple dans l'ignorance, appuyé sur ses macoutes (dont les cadres furent formés par des instructeurs américains et des gendarmes français). Enfin, l'année 2004 elle même fut marquée par la chute d'Aristide et un chaos au terme duquel on se demande simplement : à quand une démocratie moderne, sociale et apaisée à Haïti ? et à quel prix ?

Comme si la méchanceté des hommes ne suffisait pas, il a fallu que les éléments s'en mêlent. Alors que le printemps des zones tempérées de l'hémisphère nord correspond à la saison sèche aux Antilles, une dépression tropicale avait déjà pointé le bout de son nez et causé d'importants dégâts dans l'île dès juin. Dans ces belles îles des Antilles, la saison des cyclones c'est un peu la loterie. Certaines y échappent d'autres non. Pendant les quatre derniers moins de l'année c'est le suspense absolu.

Haïti honnie des dieux qui font payer à ces pauvres bougres l'arrogance d'avoir osé défier le colon et d'avoir été les premiers à battre les armées napoléoniennes ? Probablement pas. Mais quand on est en chien comme ça, il y a de quoi douter. D'autant plus que l'acharnement du sort à la manière des pluies, ne semble pas vouloir s'interrompre. Et pourtant. Haïti, île francophone trônant au-dessus de la mythique Jamaïque qui fait danser le monde entier et qui est même devenu une marque s'affichant sur les tee-shirts des jeunes de nos banlieues, gardant la côte orientale de Cuba la « barbuda » qui défie l'impérialiste Amérique du coup, gardienne de ses intérêts dans la région... On aurait pu penser qu'après l'intervention américaine décidée par l'administration Clinton, les Etats-Unis referaient un peu de cette ingérence qu'on apprécie, quand elle est humanitaire. Eh bien non.

L'image de la télévision résume bien ce malentendu. Les gendarmes du monde sont prêts à intervenir partout au nom d'une certaine morale à condition que l'intérêt y soit. La communauté haïtienne de France pourrait lancer une initiative massive de sensibilisation de l'opinion sur le sujet pour éveiller les consciences amorphes. Dans les mairies, les universités ou les lieux de culture, il y a tous les relais possibles pour susciter des soutiens.

On sait bien que l'état de délabrement des structures de l'Etat aggrave le chaos, mais il faut montrer qu'il existe une conscience haïtienne qui ne se résout pas à la misère et qui a à cœur de relever le pays. Car la solidarité internationale est dans l'œil du cyclone. On n'entend pas les censeurs qui s'indignent sur tous les sujets dans les pages « Rebonds » de Libération ou les pages « Horizons » du Monde parler de la situation dans cette partie du monde. On ne voit pas se mettre en place les mécanismes qui fonctionnent pourtant si bien. Certes, le pays n'est pas abandonné, mais il y a une logique de l'indifférence qui naît dans la manière dont la communauté internationale « gère » le dossier politique haïtien, dont on doit concéder qu'il est compliqué et tout sauf manichéen et qui aboutit dans l'actuelle lenteur de l'aide internationale. Il ne semble pas que la notion d'urgence ait ici trouvé tout l'écho qui lui est dû.

Alors il faut détchouquer les consciences blasées qui s'abreuvent d'images du soir au matin mais qui ne bougent pas et réveiller ce qu'il y a d'humain dans les esprits pour aider à la reconstruction, politique, sociale et économique du pays. A commencer par les dirigeants du pays.

24 septembre 2004

Ce que tout (bon) militant doit avoir lu (Deuxième partie)

Si vous avz manqué le début, rendez-vous à l'archive du 16 avril.

Les premiers titres étaient un peu "gaucho" peut-être, mais très utiles à mon goût. La biographie de Lionel Jospin par Claude Askolovitch me semble très brillante. Asko est un des meilleurs journalistes politiques du moment avec Laurent Joffrin et François Bazin. Ni censeur ni donneur de leçons, Askolovitch nous donne à comprendre l'objet Jospin en nous faisant entrer dans la mécanique du personnage. Il ne s'agit pas de tout décortiquer, mais de saisir l'essentiel du personnage : un homme soucieux de sa propre cohérence.

22 septembre 2004

Europe : Dire « oui » pour aller plus loin

Ah chers bloggeurs, vous devez être repus de voir le PS au centre de l’actualité avec ce débat sur le traité constitutionnel !!!

Vu de l’intérieur, ça se passe. Ceux qui ont toujours été hostiles à Fabius se sentent plus à l’aise maintenant qu’ils ont un désaccord franc avec lui. Les autres peuvent continuer de glisser lentement vers un repli qui s’il n’est pas anti-européen, n’en incite pas moins à l’europhobie...

Les mêmes qui donnaient des leçon de « plus à gauche que moi tu meurs », avec leur sacralisation du « mouvement social » et leurs incantations « internationalistes » se retrouvent isolés, à faire malgré eux l’improbable publicité du statu quo, du traité de Nice et du socialisme dans un seul pays... On peut difficilement faire plus conservateur.

Bientôt, tous les maux du monde seront dus à un texte que personne n’a lu. Et surtout, ils nous expliquent que voter « non », c’est ne pas voter pour Chirac.

Pourtant la situation politique en Europe a de quoi nous faire réfléchir.

Les élections régionales en Allemagne soulignaient déjà une série de revers tous plus historiques les uns que les autres pour le SPD marquant une sanction de poids de la politique de Schröder. Désormais, on voit une montée de l’extrême droite et les anciens communistes (PDS) devenir la principale force d’opposition.

Cela dit, le DGB, le principal syndicat allemand, qui est contre le plan Hartz IV voulu par le gouvernement est pour la constitution. On n’entend pas les syndicalistes allemands ou les amis d’Oskar Lafontaine appeler à voter contre le texte pour sanctionner le chancelier.

On n’entend pas la gauche italienne, y compris chez les amis de Sergio Coferati et les syndicalistes de la puissante CGIL appeler à voter « non » pour sanctionner Berlusconi.

On n’entend pas les trade-unions britanniques qui ont rompu avec Blair et qui sont dans l’opposition interne au New Labour qui s’exprimera lors de la convention de Brighton inciter à condamner Blair à travers un rejet de ce texte.

Et nous ne parlons pas de la CES, qui rassemble l’ensemble des syndicats européens avec notamment la CGT qui a elle aussi pris une position favorable au texte parce qu’il lui donne plus de moyens d’action que jamais.

Certains nous expliquent qu’il aurait fallu approfondir avant d’élargir... Tant qu’il n’y aura pas de cadre construire des politiques qui ont pour objectif le plein emploi, on aura en effet ce risque, présent à l’est d’une remontée des partis populistes. C’est l’intégration qui est le modèle le plus contraignant et le plus efficace qui permette à des pays d’adhérer à un modèle de développement. On en a fait l’expérience dans tous les cas depuis les années 70.

Ce débat passionnant me rappelle les mouvements étudiants. C'est la même mécanique. Quand un gouvernement propose une réforme, il y a toujours une position de principe qui est le "non", avec les slogans classiques du genre "retrait immédiat ! "abrogration !" etc... C'est un moyen pour les organisations syndicales d'affirmer leur espace. (Par exemple 25 % des voix aux élections universitaires auxquelles participent moins de 10 % des étudiants).

Les radicaux du PS démontrent qu'ils sont parfois touchés par un trotsko-conservatisme bien connu. Pendant qu'une poignée de socialistes tentait d'intéresser nos camarades aux débats en cours auxquels on pouvait contribuer dans l'indifférence générale il était possible d'agir. Pour eux, prendre tout ce qu’il y a à prendre, c’est accepter la logique libérale. Pour eux, il faut tout refuser en bloc.

Sur la question de la démocratie. Quand la question de la représentation s’est posée, personne n’a trouvé à redire sur la légitimité de nos représentations dans la convention. Ceux-ci ont été désavoué dès que le texte a été connu. Aujourd’hui on réclame une “constituante”, mais avec quel rapport de force ? On y serait de toutes manières minoritaires...

Maintenant, c'est "non". Aucune alternative possible nous disent-ils, mais quelle alternative proposent-ils ? Avec qui et sur quelle orientation vont-ils faire avancer les choses - si tant est qu'ils veuillent les faire avancer...

On nous dit que les derniers souverainistes ont quitté le Parti socialiste avec Jean-Pierre Chevènement mais, il n’y a qu’avec les communistes et l’extrême gauche que nos camarades du « non » soit possible de faire un front commun pour proposer autre chose. Sur l’écho d’une telle possibilité en France et dans le reste de l’Europe, on a le droit de rester dubitatif...

21 septembre 2004

Pierre Goldman - Gangster révolutionnaire. Un "non" mythe romantique

Hier, c'était le 25e anniversaire de l'assassinat de Pierre Goldman. Pour ceux qui ont lu Génération, ils qui c'est. Pour les autres, on peut commencer à les appâter en leur disant que c'était le demi-frère de Jean-Jacques Goldman, vous savez, le chanteur...

Ce "juif polonais né en France" était un écorché vif. Fils de résistant, ex des Brigades internationales (mais antistalinien quand même) qui fut lui aussi un voyageur, Pierre Goldman est né le 22 juin 1944.

Il grandit à Montrouge et il connaît sa première rupture en se faisant exclure du lycée à 15 ans. Il découvre dans ses jeunes années de lycéen la survivance du fascisme chez certains jeunes cathos. Il adhère aux jeunesses communistes et poursuit ses études et passe son bac puis s'inscrit à la Sorbonne. L'univers universitaire ne lui plaît pas. Il se sent attirée vers le large. En 1966, il quitte la France dans l'espoir d'atteindre l'Amérique latine.

Un peu comme Jan Valtin, il roule sa bosse entre le Mexique, le Texas et la Louisiane en passant par la case "prison". Il rentre en France après un détour par l'Europe du nord.

La deuxième rupture a lieu, naturellement avec l'armée. Ce qui le conduit à entrer dans la clandestinité et à quitter la France pour Prague, puis la Pologne. On le retrouve à Bruxelles et aux Pays-Bas en attente d'un départ prochain pour l'Amérique du sud. Il arrive à Cuba en 1967.

Il s'engage dans la guerilla vénézuélienne, mais quitte le pays pour rentrer à Paris. Il ne participe pas aux événements de Mai. Il repart à l'été au Vénézuéla où il partage le quotidien des militants révolutionnaires.

Cette aventure dure un an au terme de laquelle Pierre Goldman navigue de ville en ville entre la Colombie, les Antilles et Madrid toujours dans la clandestinité.

L'insoumis rentré en France va devoir trouver les moyens de survivre dans la France des Marcellin-Giscard-Barre-Ponia.

Loup solitaire, l'ex-révolutionnaire devient gangster.

Au printemps 1970, on l'arrête pour le meurtre de deux pharmaciennes, assassinées lors du braquage d'une pharmacie le 19 décembre 1969, boulevard Richard-Lenoir. Il a été "donné" par un de ses amis. Cinq ans en détention préventive s'ensuivent pendant lesquels il obtient même une licence en philosophie.

Le procès qui a lieu est évidemment un procès politique. Soutenu par les mouvements de gauche et défendu par George Kiejman, Goldman est en effet le symbole d'une époque. Un juif défendu par un autre juif, cela n'échappe pas à une certaine presse qui s'adonne à ce qu'on croyait oublié depuis l'Affaire Dreyfus...

Le 14 décembre 1974, Pierre Goldman est condamné à la prison à vie. S'ouvre alors une grande campagne en sa faveur dont il demande dans Libération, l'arrêt.

Pendant l'année 1975, il écrit ses mémoires. L'année d'après, le procès est rejugé et Pierre Goldman est libéré. Trois ans de tranquilité plus tard, le 20 septembre 1979, il est abattu alors qu'il sort de chez lui, par une organisation d'extrême droite, "Honneur de la Police". On ne retrouvera jamais les tireurs. Son fils Manuel devait nâitre quelques heures plus tard...

A lire : Pierre Goldman : Souvenirs obscurs d'un Juif polonais né en France (Points Actuels, 1975).

Il existe un excellent site sur JJ-Goldman qui possède une bonne revue de presse de l'époque sur le sujet. Voir

10 septembre 2004

Body and soul

Le mois de septembre 2004 est béni. Elle revient enfin, elle ? Anita Baker. Une des plus grandes dames de la soul de ces vingt dernières années. Ce n'est pas une star qui défraye la chronique, une bête de scène ou une voix puissante et rocailleuse, ni un roitelet qui fait des vocalises à la Beyoncé, non, une voix sensuelle, jazzy. Elle revient après dix ans de silence. Elle m'a vraiment manqué. Vingt ans de carrière solo, cinq albums soignés et magiques.

Son premier album solo date de 1983 et il est intitulé "The Songstress". Ce n'est pas le plus beau, mais il contient déjà, de manière encore fragile la Baker's touch. Trois ans après, elle nous ravit avec "Rapture", un disque qui a très bien marché à l'époque et qui contient des perles comme "You bring me joy", "rapture" ou "same old love".

L'album par lequel je la découvre c'est "Giving you the best that I got" en 1988. génialissime. En plus, c'est toute une époque. Le titre éponyme est mon préféré.

Puis c'est "Compositions" en 1990 avec notamment "fairy tales" et un swing... mhh !

Enfin "Body and soul" en 1994 avec une reprise de "My funny Valentine" et "The look of love"...

Alors qu'une Alicia Keys ou une Angie Stone nous font revivre la pureté de la soul loin des sophistications vocales et techniques des stars éphémères du moment, la grande et modeste Anita Baker revient avec un disque qui réchauffera nos froides nuits d'hiver.

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, elle a quitté Elektra entertainment pour le célèbre label Blue note.

6 septembre 2004

Du bon usage des « otages »...

Espérons que le drame de Beslan aura redonné du bon sens à cette droite toujours prompte à dénoncer toujours plus le droit des travailleurs à défendre leurs intérêts en général et le droit de grève en particulier.

En effet, par temps de grève, on entend à satiété du côté de la droite, l'idée selon laquelle les usagers seraient « pris en otages » par les grévistes. L'expression qui est quand même lourde de sens reprise à longueur de reportages par certains usagers laisse penser qu'il y aurait d'un côté les méchants grévistes numériquement minoritaires (si on prend en compte le niveau de syndicalisation dans le pays) ; et d'un autre, les bons citoyens travailleurs qui ne peuvent pas travailler... Mais cette vision - qui est loin d'être anodine - véhiculée par la droite est faussement manichéenne et trompeuse : les premiers défendent les intérêts des seconds et la citoyenneté, c'est le vote bien sûr , mais c'est aussi un engagement permanent, depuis quand l'expression syndicale ne concourre t elle pas aussi à la démocratie ?

Puisque les mots ont un sens, il convient de tordre le coup à cette imposture qui, derrière la « vertueuse » défense affichée du droit du travail cache de fait une volonté de limiter le droit de grève.

Si la grève générale « est de plus en plus en fait un mythe » qui s'estompe dans les stratégies syndicales à mesure que le réformisme triomphe dans l'orientation des principaux syndicats de ce pays, elle est de moins en moins perçue comme un moyen ultime de peser sur la politique d'un gouvernement. Il faut comprendre que ce sont les gouvernements qui provoquent les grèves quand ils refusent les négociations.

Mais soyons sérieux qu'est-ce qu'un otage ? C'est une personne retenue contre son gré que l'on exécute ou que l'on libère en échange de quelque chose. Les preneurs d'otages sont « des terroristes ». La droite veut-elle dire que les syndicalistes et les grévistes sont des terroristes ? À elle de nous le dire...

Autre idée : la « désinformation » dont les ministres accusent les syndicats, on a là bien plus qu'une simple bataille de communication. C'est bien d'une bataille autour du sens dont il s'agit. Il y aurait d'un côté les bons qui veulent réformer (quelle que soit la nature et la justesse de la réforme) et de l'autre « les méchants » qui mentent parce qu'ils sont en désaccord sur la nature des réformes. Si la société française est de plus en plus individualiste et que l'on s'en plaint, on ne peut pas, dans le même temps dénoncer l'action collective. Et les syndicats français réfléchissent de plus en plus aux nouvelles formes de la question sociale que la politique de la droite rend chaque jour plus cruciale.

Il est un proverbe qui dit que la vérité sort toujours de la bouche des enfants. L'œil qui se balade dans certains quartiers a pu voir la dernière campagne de l'UNI : le syndicat de la droite universitaire voit rouge. « Libérons la France des syndicats ». Le message est clair, net et précis. Et si Raffarin est un communicant hors pair, nul doute que ce qu'exprime l'UNI n'est pas une fausse note dans le concert réactionnaire que nous sert le gouvernement. Car, en disant que « ce n'est pas la rue qui gouverne », la droite, tordant le coup à ceux qui croyaient déjà en 1968 que « le pouvoir est dans la rue », pousse la France à marche forcée vers cet état UMP ultra – sécuritaire, où la préférence patronale règne sans partage.
L'UNI, la branche étudiante créée pour le SAC en 1968 a toujours accueilli, malgré son chiraquisme bon teint, les idées les plus radicales. Aujourd'hui, ils s'en prennent directement à la notion de démocratie sociale.

Il y avait déjà une criminalisation rampante de l'action syndicale, il y aurait donc maintenant une tentative de dénigrement des syndicats. Si on ajoute à cela la propagande d'Etat qui s'étale à plusieurs reprises dans un même journal et ceci dans toute la presse, il ne manque plus que la « minute nécessaire de Monsieur Raffarin » tous les soirs à la télévision, gageons qu'on y aura droit bientôt, et ce sera de « l'information… »

27 août 2004

Repenser l’antiracisme

Une question qui me taraude... Sujet complexe. Alors pour commencer :

Les vingt ans de la marche des Beurs et d’SOS racisme ont le goût amer de l’actualité d’un racisme ordinaire qui a changé de visage et qui nous laisse croire que nos combats n’ont plus de sens. Mauvaise stratégie ? Erreur de diagnostic ? Thérapeutique inadaptée ? Ou combat perdu d’avance ? Un peu de tout ça certainement, avec la démonstration en prime que la justesse morale de l’engagement antiraciste ne suffit pas. Ces combats étaient justes, mais le racisme a changé de nature... Alors il devient urgent de repenser l’antiracisme.

Un triste anniversaire

Parmi les causes de la gifle reçue du 21 avril 2002, certains évoquent les « Français issus de l’immigration » qui se seraient détournés du candidat socialiste pour lui faire payer vingt ans de promesses non tenues par la gauche. L’accumulation des rendez-vous manqués sur la question du racisme contraste fortement le bilan de vingt ans de lutte. On a d’ailleurs délaissé le racisme pour parler plutôt des « discriminations » et cette « question de société » a fait florès dans le landernau socialiste depuis. Tous les débats sur le sujet font le même constat d’échec de la gauche et stigmatisent SOS racisme, devenu le symbole d’un antiracisme consensuel et bien pensant, chouchou d’une « gauche caviar » qui ne traverse jamais le périph. A la fois querelle de clochers et rançon de la gloire, ce rejet ignore un peu vite le rôle joué par la petite main jaune dans une prise de conscience collective, historique, dans la France de Dupont Lajoie et de Jean-Marie Le Pen, ce pays qui a si souvent mal à sa mémoire. Oui : la France était un pays métissé riche de ses différences.

Mais tout le problème est précisément qu’on n’a pas donné de sens à ce pays métissé, sauf un soir de ferveur collective de victoire des Bleus lors de la Coupe du monde de 1998.

Un nouveau racisme ?

La France de Zidane succédait ainsi à celle de Dupont, mais elle n’était qu’un instant. On n’a pas vu venir, semble–t-il, une mutation dans le racisme que l’on combattait jusque là. Depuis 1983, antiracisme et antifascisme se mêlaient dans l’antilepénisme avant que l’affaiblissement électoral du FN entre 1999 et 2001 cesse d’en faire la menace immédiate.

Puis sont venus la deuxième Intifada et le 11 septembre. Chacun s’est replié sur sa communauté, et les combats menés en commun par le passé furent reniés au nom de la défense de son identité, l’exigence de protection et la dénonciation chez l’autre de la phobie. L’apparition des concepts de judéophobie et d’islamophobie, se concurrençant au lieu de se compléter, illustre cette communautarisation de l’antiracisme. Dans une société explosant en revendications sectorielles et en égoïsmes de toutes sortes, la parole s’est libérée. Après les milieux néo-nazis, c’est de certaines banlieues qu’est venu un antisémitisme inattendu, œuvre des plus ignorants et des plus imbéciles.

La gauche a été coincée et tétanisée entre la banalisation du mal et, il faut le dire, le chantage de ces compagnons de luttes qui soudain se repliaient sur eux-mêmes, attendant de la gauche qu’elle réponde à leurs exigences. Chacun fait pression, et en face, on mesure le poids électoral de tel groupe, l’influence économique de tel autre, puis on ajuste ses discours et bientôt se tissent les clientèles... Après la générosité multicolore, la balkanisation communautaire menace. La France a failli devenir un front supplémentaire de guerres qui se livraient ailleurs avec de vrais morts.

Le raciste qui menace aujourd’hui est métissé. Il peut être blanc, noir, maghrébin, de culture juive, etc. L’Histoire officielle ne fournit plus de valeurs morales acceptées par tous. Alors chacun brandit son statut de victime. A côté des génocides et exterminations de masse, d’autres tragédies sont révisées ou déformées pour les besoins de la cause sans se rendre compte que tout cela participe de la banalisation du mal, au lieu de le combattre. A l’issue de cette ignoble foire des morts, quand le sens s’est perdu, il ne reste plus des philosophes absents, des intellectuels devenus polémistes médiatiques et des démagogues désormais libres d’abuser les esprits. Comble du ridicule, même les antiracistes s’étripent entre eux !

Repolitiser la lutte L’antiracisme né des années 80 se revendiquait apolitique. Il était « en phase avec la dépolitisation du monde » sur fond de triomphe de l’ultra-libéralisme et de l’individualisme. Les concerts de la génération morale, en remplaçant les constructions idéologiques de la génération politique de l’après 68, ont en même temps renoncé à l’audace politique. C’est pourquoi il faut rompre avec l’attitude qui consiste à être « offusqué par le mal mais contemplatif et sceptique ». La gauche doit sortir de son mutisme et accepter la confrontation au lieu de rechercher à tout prix le consensus.

Il convient d’agir sur les esprits en redonnant sa place à l’éducation qui enseignerait non plus une histoire des vainqueurs, mais une histoire de tous les Français. La République doit sortir du bourbier où elle est prise entre la défiance des uns et la méfiance des autres pour repartir à la reconquête de territoires aujourd’hui confisqués par la somme des différentialismes, des individualismes et des communautarismes qui atrophient l’espace public.

Enfin, il faudra bien redonner de la vigueur à l’idée de communauté de destin par un travail sur la mémoire collective et les moyens de l’égalité des chances. Il y va de la démocratie car les fossés que l’on ne comble pas se creusent davantage.

19 août 2004

Arnaud Montebourg, l'alterbiographie...

"Montebourg vu par lui-même" est le titre idéal du portrait définitif qu'Arnaud aurait rêvé voir orner les rayons des librairies. Cela dit, il ne s'en tire pas si mal, pour le premier livre qui lui est consacré, c'est un des biographes de François Mitterrand qui s'y colle ! On peut douter de ce qu'il y ait matière à écrire un livre sur une curiosité politique apparue il y a quelques années seulement. Mais en quelques années, il a imposé un style, qui agace ou qui séduit, mais qui ne laisse pas indifférent tant il tranche avec la pâleur des hommes politiques de notre époque... Sauf peut-être Sarkoy. Deux forts en gueules, brillants jeunes hommes, sûrs deux et dominateurs, "majors" comme on dit en créole.

Arnaud se moque de François Hollande en le surnommant "Flamby" mais il oublie que "Montebourg" est une marque de dessert lacté que l'on classe dans la même catégorie que sa cible corrézienne dans les supermachés.

On découvrirait donc dans le libre de Benhamou que le chevalier blanc à la rose est un pur étalon de cette espèce politique qu'est le mitterrandisme. Homme de pouvoir, homme d'influences, homme de réseaux, homme d'éloquence. Pas étonnant que ce bourguignon ait croisé la route de Laurent le Magnifique, autre héritier de l'ancien député de la Nièvre.

Livre gênant donc ? Je ne sais pas, je ne l'ai pas encore lu. Livre utile ? Pas sûr qu'on y apprenne grand'chose, mais on pourra au moins s'amuser de voir s'agacer un personnage si esthète de l'existence d'un livre écrit par un autre que lui ou autre historiographe officiel dont l'autre défaut est d'avoir paru trop tôt...

19 août 2004

Shitty year !

Rick James, Marlon Brandon, Serge Reggiani, Elmer Bernstein etc... l'année n'est pas finie qu'elle a déjà sa longue liste de disparus de premier ordre, de personnes qui ont marqué leur époque et dont la disparition fait que certains arts ne seront plus tout à fait les mêmes...

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