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Blog de Pierre
6 septembre 2004

Du bon usage des « otages »...

Espérons que le drame de Beslan aura redonné du bon sens à cette droite toujours prompte à dénoncer toujours plus le droit des travailleurs à défendre leurs intérêts en général et le droit de grève en particulier.

En effet, par temps de grève, on entend à satiété du côté de la droite, l'idée selon laquelle les usagers seraient « pris en otages » par les grévistes. L'expression qui est quand même lourde de sens reprise à longueur de reportages par certains usagers laisse penser qu'il y aurait d'un côté les méchants grévistes numériquement minoritaires (si on prend en compte le niveau de syndicalisation dans le pays) ; et d'un autre, les bons citoyens travailleurs qui ne peuvent pas travailler... Mais cette vision - qui est loin d'être anodine - véhiculée par la droite est faussement manichéenne et trompeuse : les premiers défendent les intérêts des seconds et la citoyenneté, c'est le vote bien sûr , mais c'est aussi un engagement permanent, depuis quand l'expression syndicale ne concourre t elle pas aussi à la démocratie ?

Puisque les mots ont un sens, il convient de tordre le coup à cette imposture qui, derrière la « vertueuse » défense affichée du droit du travail cache de fait une volonté de limiter le droit de grève.

Si la grève générale « est de plus en plus en fait un mythe » qui s'estompe dans les stratégies syndicales à mesure que le réformisme triomphe dans l'orientation des principaux syndicats de ce pays, elle est de moins en moins perçue comme un moyen ultime de peser sur la politique d'un gouvernement. Il faut comprendre que ce sont les gouvernements qui provoquent les grèves quand ils refusent les négociations.

Mais soyons sérieux qu'est-ce qu'un otage ? C'est une personne retenue contre son gré que l'on exécute ou que l'on libère en échange de quelque chose. Les preneurs d'otages sont « des terroristes ». La droite veut-elle dire que les syndicalistes et les grévistes sont des terroristes ? À elle de nous le dire...

Autre idée : la « désinformation » dont les ministres accusent les syndicats, on a là bien plus qu'une simple bataille de communication. C'est bien d'une bataille autour du sens dont il s'agit. Il y aurait d'un côté les bons qui veulent réformer (quelle que soit la nature et la justesse de la réforme) et de l'autre « les méchants » qui mentent parce qu'ils sont en désaccord sur la nature des réformes. Si la société française est de plus en plus individualiste et que l'on s'en plaint, on ne peut pas, dans le même temps dénoncer l'action collective. Et les syndicats français réfléchissent de plus en plus aux nouvelles formes de la question sociale que la politique de la droite rend chaque jour plus cruciale.

Il est un proverbe qui dit que la vérité sort toujours de la bouche des enfants. L'œil qui se balade dans certains quartiers a pu voir la dernière campagne de l'UNI : le syndicat de la droite universitaire voit rouge. « Libérons la France des syndicats ». Le message est clair, net et précis. Et si Raffarin est un communicant hors pair, nul doute que ce qu'exprime l'UNI n'est pas une fausse note dans le concert réactionnaire que nous sert le gouvernement. Car, en disant que « ce n'est pas la rue qui gouverne », la droite, tordant le coup à ceux qui croyaient déjà en 1968 que « le pouvoir est dans la rue », pousse la France à marche forcée vers cet état UMP ultra – sécuritaire, où la préférence patronale règne sans partage.
L'UNI, la branche étudiante créée pour le SAC en 1968 a toujours accueilli, malgré son chiraquisme bon teint, les idées les plus radicales. Aujourd'hui, ils s'en prennent directement à la notion de démocratie sociale.

Il y avait déjà une criminalisation rampante de l'action syndicale, il y aurait donc maintenant une tentative de dénigrement des syndicats. Si on ajoute à cela la propagande d'Etat qui s'étale à plusieurs reprises dans un même journal et ceci dans toute la presse, il ne manque plus que la « minute nécessaire de Monsieur Raffarin » tous les soirs à la télévision, gageons qu'on y aura droit bientôt, et ce sera de « l'information… »

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