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Blog de Pierre
2 novembre 2004

Uruguay : une victoire historique pour la gauche

Indéniablement, avec le XXIe siècle s’est ouvert un nouveau cycle pour la gauche latino-américaine. Avec le retour du centre gauche au pouvoir au Chili et en Argentine, la victoire historique de Lula au Brésil et la victoire de Vazquez en Uruguay, le cône sud est-il en passe de devenir un El dorado pour le réformisme ? Quizas, quizas, quizas...

On connaît bien l’Uruguay pour ses bons joueurs de foot. Ce petit pays arrosé par le rio de la Plata, coincé entre deux grands pays que sont le Brésil et l’Argentine connaît comme l’Argentine avant lui une crise économique qui a sans doute accentué le discrédit d’une droite conservatrice aux commandes depuis toujours.

Depuis plus d’un siècle et demi, l’Uruguay était gouverné par la droite libérale. Pour la troisième fois, Tabare Vazquez se présentait à la tête d’un front élargi de toute la gauche et du centre ; des communistes aux chrétiens sociaux. La gauche a donc réalisé un tiercé gagnant en remportant les élections législatives, sénatoriales et présidentielle.

Tabaré Ramón Vázquez Rosas est né le 17 janvier 1940 dans le quartier de la Teja à Montevideo. Diplômé de la faculté de médecine en 1972 il obtient une bourse qui lui permet de poursuivre ses études à l’Institut Gustave Roussy de Paris.

Il a adhéré au Parti socialiste et il entre au comité central en décembre 1987. Il a milité l’année précédente contre la loi de caducité qui amnistiait les militaires accusés d’atteintes aux droits de l’homme pendant la dictature qui avait frappé le pays de 1973 à 1985.

Il a été le premier dirigeant FA à occuper un mandat électoral de premier plan. De ce fait, il est depuis le début des années 90 une figure centrale du paysage politique uruguayen. Président de la Rencontre progressiste depuis 1994 et du FA depuis 1996, il succède ainsi au fondateur de la coalition de gauche, le général Liber Seregni, décédé au courant de l’année 2004.

Il se présente pour la première fois à l’élection présidentielle en 1994 et obtient 30 % des voix. La deuxième tentative a lieu en 1999 et il progresse de 10 points en atteignant le score de 40 % au premier tour – 45 % au deuxième tour. La troisième fois fut la bonne et donc l’aboutissement heureux d’une longue marche de dix ans qui va permettre au docteur Vazquez et à la gauche de soigner les maux de la petite république uruguayenne.

Si l’Amérique latine a fait rêver des générations entières de militants de gauche en manque de l’épopée révolutionnaire qu’ils ne pouvaient vivre sur leur sol, il est paradoxal de voir que le débouché politique de tant d’années de lutte n’arrive que maintenant avec en prime, une conversion sans faille au réformisme de gauche, choix non pas résigné, mais résolument réaliste.

La coalition victorieuse Encuentra progresista – Frente amplio - Nueva majoria (EPFA) triomphe d’une droite usée et corrompue qui avait même lassé le patronat. Le Front élargi est vieux de trente ans. Fondé en 1971, cette formation politique longtemps dans l’opposition a joué pleinement son rôle de mouvement populaire d’éducation politique. Alors que l’on constate souvent les triomphes de l’ultralibéralisme la majorité des Uruguayens a voté ce dimanche pour que l’eau reste pour toujours dans le domaine public par exemple...

La mobilisation fut impressionnante, marque que les électeurs uruguayens ont pris la mesure de ce rendez-vous historique. Le taux de participation a avoisiné les 91 % puisque le vote y est obligatoire. Ils ont fait le voyage par dizaines de milliers des pays voisins pour venir voter dans leur pays. L’Uruguay, avec ses 4,5 millions d’habitants, est un pays majoritairement agricole la gauche envisage de relancer l’économie en s’appuyant notamment sur les PME.

Pour parvenir à ses fins, Vazquez pourra compter sur une majorité parlementaire, ce qui n’était pas arrivé depuis plus de 40 ans. Les élections sénatoriales et législatives ont été en effet remportée par l’EPFA. Le cône sud voit donc émerger la troïka Lula-Kirchner-Vazquez qui devrait travailler à consolider un espace de développement régional qui lorgne beaucoup du côté de l’Union européenne...

C’est une fois de plus la démonstration que seule l’unité de la gauche et le rassemblement des forces de progrès permettent de bénéficier d’un large soutien populaire et de remporter de belles et utiles victoires.

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